«Nous comptons sur de nouvelles cibles » EKO’O AKOUAFANE Jean Claude,

Au terme d’une tournée d’évaluation, d’écoute et d’analyse, le Directeur Général tire les leçons et décline sa stratégie en vue de la relance de la cacao culture.

Monsieur le Directeur Général, vous venez de boucler une tournée dans les unités opéra- tionnelles de la SODECAO. Quelle première idée avez-vous désormais de l’entreprise ?

Directeur Général de la SODECAO

EKO’O AKOUAFANE Jean Claude : La SODECAO est le bras séculier de l’Etat en matière de développement de la cacaocul- ture. C’est une culture stratégique qui a joué un rôle éminent dans le développement de ce pays. Malheureusement, à la différence de nombreux Etats africains, nous avons un peu décroché. Aujourd’hui, le mot d’ordre du gouvernement, c’est de rattraper ce retard, d’aller vers la relance de la cacaoculture. Voici le crédo qui est le nôtre : corriger les contre performances de notre cacaoculture.

Les préoccupations de vos collaborateurs sur le terrain ont été sensiblement les mêmes : manque de matériel, déficit en personnel. Quelles sont les solutions que vous y apportez ?

Ces doléances sont les mêmes. Elles ont un dénominateur commun, la situation de la cacaoculture dans notre pays. Effectivement, cette situation n’est guère reluisante, quel que soit le point par lequel on la prend. Nous avons noté partout un sous-effectif, un sous-équipement, des problèmes de toutes sortes qui vont du souci de l’habitat au délabrement des infrastructures, le faible rendement de nos champs semenciers, etc. Nous avons pris acte de tous ces problèmes auxquels font face toutes nos unités opérationnelles et qui expliquent la situation de la cacaoculture au Cameroun. A Nkoemvone par exemple, qui est le champ semencier embléma- tique de notre pays, il n’existe qu’une seule tronçonneuse pour plus de 110 hectares de superficie. Vous comprenez très bien que, quelle que soit la volonté des hommes, on ne peut rien faire avec ce déficit de moyens. Cela explique aussi ce que l’on peut appeler les contre performances de notre agriculture.

Vous avez dans votre pedigree un rang de Secrétaire Général au Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural. De ce piédestal, que pouvez-vous apporter de nouveau à cette filière ?

Le problème de la cacaoculture passe par plusieurs pistes. Pour renverser la situation, il faut densifier les vieilles plantations et développer les semences. Il faut s’orienter vers la création de nouvelles plantations. Pour cela, nous devons compter sur de nouvelles cibles qui sont les élites aux grands moyens et les jeunes, qui ont la capacité de mettre en place de grandes plantations sur la base des nouvelles techniques culturales. Les collectivités locales et les associations également peuvent jouer un rôle important en la matière. De nouveaux acteurs, au côté des acteurs traditionnels, peuvent contribuer au développement de la cacaoculture dans cette deuxième phase de développement.

Quelle perception avez-vous de l’agriculture ?

Très simplement, l’agriculture est une activité concrète et non abstraite qui ne se pratique pas dans les bureaux, mais dans les champs. Tous ceux qui sont dans les champs doivent recevoir en premier les fruits de ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui la révolution culturelle. C’est l’ouvrier agricole qui est le véritable roi. C’est lui qui pose le geste important à savoir, mettre le plant au sol. C’est vers lui que doit converger toute notre attention. A cet effet, nous devons changer de paradigme, rechercher des idées innovantes : la réactivité, la proactivité, la productivité, bref la p e r f o r m a n c e . Passer du cercle vicieux de la pauvreté et de la misère au cercle vertueux de la prospérité et du développement. La SODECAO devra agir sur l’augmentation massive de la production de cacao et l’amélioration de sa qualité. Quelle est votre stratégie d’action? Nous sommes en train d’élaborer un plan stratégique de relance qui constitue en soit la vision, le plaidoyer en faveur de la revitalisation, de la régénération de l’économie cacaoyère nationale. Pour cela, nous y avons associé nos collaborateurs des services centraux et déconcentrés. Nous avons parlé de la vieille cacaoculture qu’il faut réhabiliter en la redensifiant. Il va aussi falloir que l’Etat consente de nouveaux moyens pour atteindre cet objectif. La protection du verger est tributaire de tout ce processus et cela coûte un peu cher. Tous ces efforts doivent nous conduire vers l’industrialisation, qui en elle-même est l’allongement de la chaîne des valeurs. Mais en amont, nous devons améliorer la production, autant en quantité qu’en qualité.

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