La lutte intégrée est l’application rationnelle d’une combinaison de mesures biologiques, biotechnologiques, chimiques, physiques, culturales ou intéressant la sélection des végétaux, dans laquelle l’emploi des produits phytopharmaceutiques est limité au strict nécessaire pour maintenir la présence des organismes nuisibles en dessous du seuil à partir duquel apparaissent des dommages ou une perte économiquement inacceptables.
C’est un processus décisionnel par lequel on cherche à prévenir les infestations d’organismes nuisibles grâce à plusieurs stratégies appliquées en combinaison en vue d’obtenir des résultats à long terme.
La lutte intégrée vise à contenir les dégâts causés par les maladies (pourriture brune, pourridier) et les parasites (mirides et capsides) ainsi que les adventices sous des niveaux économiquement acceptables dans le contexte de la production locale, en privilégiant la prévention des infestations, le recours à des techniques culturales adaptées favorisant la biodiversité, l’exploitation judicieuse des ressources génétiques, et la lutte biologique avant le recours aux pesticides. Les pesticides ne seront ainsi utilisés que si aucune autre solution n’est disponible ou économiquement viable, et seulement si le risque pour le consommateur, pour l’environnement, pour la biodiversité ou pour l’apparition de résistances, n’est pas excessif par rapport au « bénéfice » espéré (amélioration de la qualité sanitaire et/ou accroissement de la production).
Dans le cas spécifique du cacaoyer, les moyens agronomiques (réglage de l’ombrage, récolte sanitaire, taille des arbres) ; les moyens biologiques (introduction des ennemis de certains parasites) et en dernier recours les moyens chimiques sont mobilisés.
Le plan d’actions de lutte intégrée de la SODECAO repose sur les principes consignés dans le tableau ci-dessous :
Principes | Résultat attendu | Risques | Mise en œuvre |
Développer, produire et distribuer du matériel végétal de qualité | Les semences de qualité constituent le fondement de la production durable de cacao : « La bonne semence conditionne la bonne récolte ». Les variétés résistantes ou tolérantes à la pourriture brune, aux capsides, à la sécheresse et à haut rendement sont d’une valeur précieuse. | Variété non conforme Transmission d’agents pathogènes ou de ravageurs | Utiliser uniquement les semences issues des champs semenciers certifiés de la SODECAO. Respecter un délai de maximum 72 heures entre la récolte et l’ensemencement |
Choisir des sols fertiles et des lieux adaptés au développement du cacaoyer | Le cacaoyer se développe et rivalise efficacement avec les adventices en raison d’une bonne gestion du sol et de l’eau. | Sol pollué (ETM) Excès d’azote Pathogènes du sol Érosion du sol | Sélectionner des sols à bon drainage naturel, adaptés à la culture du cacao. Vérifier l’historique du sol. Identifier les parcelles. Effectuer toujours la plantation dans des champs débarrassés de mauvaises herbes. |
Adopter de bonnes pratiques en pépinière et respecter l’hygiène | Les plants vigoureux une fois transférés en champ se comportent bien pendant la phase de croissance et de développement | Transmission de parasites via le matériel végétal, le sol et les outils de travail | Désinfecter le terreau avant de l’utiliser en pépinière Établir les pépinières dans un sol exempt de ravageurs/ maladies pour favoriser le développement des plantules. Recouvrir le sol avec un paillis de feuilles de neem ou d’herbe sèche. greffer, de façon hygiénique, uniquement le matériel sélectionné́ et exempt de ravageurs/maladies. Analyser le sol des pépinières. |
Adopter les écartements et les dispositifs adéquats de plantation | Une densité trop élevée entrave le développement de la culture et, en créant un environnement humide, favorise l’apparition de la pourriture brune. La plantation en ligne permet d’économiser des semences et de réaliser plus facilement les opérations agricoles comme le désherbage et la récolte. La culture intercalaire réduit la pression des insectes et garantit les rendements. | Créer des conditions favorables au développement des parasites | Planter en lignes, avec un écartement approprié ( 3 mX3 m), pour éviter une densité de peuplement excessive. La culture intercalaire (bananier plantain) se pratique en lignes alternées. Semer ou planter perpendiculairement à la pente. Respecter les courbes de niveau. |
Adopter de bonnes pratiques de conservation du sol | Les sols pauvres sont enrichis pour stimuler la croissance et le développement des cultures saines et obtenir des rendements élevés. Les déchets verts sont valorisés. L’engrais est utilisé de manière efficace et économique. | Excès de nitrates polluant le sol et les eaux. Métaux lourds dans les composts non contrôlés | Recouvrir le sol avec du paillis, amender la terre avec un compost ou un engrais organique. Si nécessaire, rectifier le bilan nutritif avec des engrais minéraux pour enrichir les sols peu fertiles. Fractionner les apports d’engrais, notamment azotés, pour mieux répondre aux besoins de la culture |
Adopter des pratiques adéquates de gestion hydrique | La croissance et le développement de la culture ne sont pas compromis par le manque d’eau ; en outre, les plants ne souffrent pas d’asphyxie. Moins de maladies fongiques. | Eau contaminée (nitrates, pesticides, métaux lourds, agents pathogènes pour l’homme et la plante) | En cultures irriguées, irriguer régulièrement les plantes mais seulement en fonction des besoins. |
Inspecter régulièrement les champs | L’inspection régulière des champs permet de détecter les problèmes et de mettre en œuvre les mesures de lutte intégrée nécessaires pour éviter une aggravation des dégâts et, par conséquent, des pertes importantes de rendement. Récolte saine avec peu de traitements. | Développement des parasites. Nécessité de traiter, engendrant la présence de résidus. Organismes de quarantaine présents. | Inspecter les champs chaque semaine pour surveiller la croissance et le développement des plantes, suivre l’évolution des populations associées. Détecter rapidement l’apparition de ravageurs, de maladies et d’adventices. Prendre une décision sur les opérations culturales à réaliser. |
Maintenir les champs parfaitement propres | Ces mesures empêchent la prolifération des ravageurs et des maladies et leur passage d’une campagne à l’autre. Les ravageurs et les maladies ne peuvent se propager à l’ensemble de l’exploitation. Récolte saine avec peu de traitements. | Développement des parasites. Nécessité de traiter plus souvent, engendrant la présence de résidus. | Faire la récolte sanitaire. Débarrasser les plantations des coques de cacao qui peuvent être vecteurs de la propagation des maladies |
Lutter efficacement contre les ravageurs et les maladies | Les problèmes de ravageurs et de maladies sont circonscrits, autorisant une production élevée et durable, avec un minimum d’intrants coûteux et dangereux pour le milieu | Présence de résidus. Emploi de produits non autorisés. Non respect des BPA. Phytotoxicité | Mise en œuvre. Adopter une stratégie sur la prévention des parasites et la préservation des populations d’auxiliaires. Donner la priorité aux moyens de lutte les moins nocifs pour l’homme, la culture et l’environnement. Privilégier les méthodes mécaniques ou naturelles. Appliquer au besoin le produit adéquat, selon la technique requise, en respectant les Bonnes Pratiques Agricoles (dose recommandée, stade, délai avant récolte, nombre maximal de traitements, formulation autorisée, volume/ha). |
Réduire au minimum l’application de pesticides chimique | L’utilisation parcimonieuse de pesticides chimiques sélectifs permet aux populations d’auxiliaires (fourmis prédatrices, araignées, mantes et coccinelles, par exemple) de se développer au détriment des ravageurs. Moins de résistance chez les parasites. Pas de résidus. | Résidus > LMR en cas de traitements répétés et systématiques. Développement de résistances. | Éviter l’application systématique et régulière de pesticides. En cas de besoin réel, traiter uniquement avec des pesticides sélectifs. Privilégier les méthodes et produits alternatifs. Analyser toujours l’agro-écosystème avant toute décision de traitement. |
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