SODECAO : L’heure de la RDUE a sonné, la formation au cœur de la stratégie

La SODECAO affine ses armes face à la RDUE pour la préservation du cacao camerounais

Sous l’impulsion du Directeur de l’Appui à la Cacaoculture et avec l’autorisation de Monsieur le Directeur Générale, une importante réunion d’information s’est tenue dans la Salle des Actes de la SODECAO en présence du personnel de la DAC, DPAA, DAAF et Direction Générale.  L’objectif : passer au crible le Règlement de l’Union Européenne sur la Déforestation et la Dégradation des Forêts (RDUE), un dossier brûlant pour l’avenir de la filière cacao camerounaise.

Aux manettes de la facilitation, M. NGATCHOU Eric a eu pour mission de décrypter les enjeux de l’entrée en vigueur du RDUE et de sensibiliser le personnel de la SODECAO aux implications concrètes de cette nouvelle réglementation. Plus précisément, il s’agissait de:

  • Exposer les raisons d’être du RDUE, ses fondements et les produits concernés;
  • Détailler les obligations spécifiques que le règlement impose à la filière cacaoyère;
  • Identifier les principaux obstacles à surmonter pour se conformer aux exigences du RDUE ;
  • Explorer les perspectives d’avenir et le rôle central que la SODECAO doit jouer dans ce nouveau contexte.

Pour ce qui est de l’origine de ce règlement on a retenu que, motivée par son rôle de grand consommateur de produits agricoles liés à la déforestation, l’UE a mis en place le RDUE. Ce règlement, qui concerne initialement le cacao, le café, l’huile de palme, le caoutchouc, le soja, le bœuf et le bois, impose trois exigences clés pour l’accès au marché européen :

  • L’intégralité du parcours du produit, de la production à la commercialisation, doit être documentée ;
  • Ils ne doivent pas provenir de terres déboisées après le 31 décembre 2020 ;
  • La production doit respecter les lois locales (droit d’utilisation des terres, préservation de l’environnement, droit du travail, droit des tiers, droit de l’homme, etc.).

Le Règlement Européen sur la Déforestation (RDUE) impose une « diligence raisonnée » aux opérateurs. Cette obligation, proportionnelle au niveau de risque, comprend la collecte d’informations (traçabilité, zéro déforestation, légalité), l’évaluation des risques de non-conformité, et la mise en œuvre de mesures d’atténuation. Un système d’évaluation des pays permettra d’alléger les contraintes pour le cacao provenant de zones à faible risque.

Cependant, la filière cacao camerounaise doit surmonter plusieurs obstacles pour se conformer aux exigences du RDUE :

  • La géo localisation des parcelles qui est le cœur des systèmes de traçabilité n’a pas beaucoup évolué et ne pourra vraisemblablement être bouclé avant le 31 décembre 2025. Cette opération nécessite encore quelques années pour sa matérialisation complète ;
  • La mise en place d’un système national de traçabilité n’est pas encore effective ;
  • Le caractère informel des transactions entre les producteurs et les premiers acheteurs (coxeurs) les rends difficilement traçables ;

La finalisation et la publication des cartes de couverture arboré/ non arborée, d’occupation des sols de 2020 et de probabilité́ du cacao restent attendues.

Les perspectives et le rôle de la SODECAO.

En tant que principal acheteur de cacao camerounais, l’accès au marché de l’UE demeure un enjeu important à court terme. Il est ainsi important que les producteurs soient sensibilisés sur les exigences du RDUE et surtout que le Cameroun engage des initiatives diplomatiques pour faire reconnaitre son système agro forestier comme outil de conservation des forets.

Interrogé sur le rôle de la SODECAO dans la promotion de la mise en œuvre de la réglementation, M. NGATCHOU a souligné qu’en tant qu’acteur majeur du secteur cacaoyer camerounais, la SODECAO doit d’abord s’approprier le RDUE. Il a suggéré de commencer par des diagnostics et une cartographie pour assurer la conformité. La SODECAO peut initier une formation de ses conseillers agricoles sur le RDUE, qui à leur tour se chargeront de sensibiliser et de capaciter les producteurs, à l’effet de leur permettre de faire ce qui est de leur ressort pour permettre la conformité de la filière à ce règlement. La création d’une base de données dédiée est également cruciale.

Concernant une éventuelle aide financière de l’UE aux pays concernés, il a précisé qu’aucune aide de ce type n’est actuellement prévue. Les perspectives d’avenir résident dans les initiatives de formation et la mise en place de systèmes de collecte d’informations et de géo référencement.

Fort de son engagement à accompagner la SODECAO dans sa mise en conformité avec la RDUE, l’Expert a souligné le potentiel de l’organisation, notamment grâce à son infrastructure existante, capable de toucher efficacement les producteurs. En un mot, la SODECAO doit prendre les devants pour permettre à la filière de répondre aux exigences du marché de l’UE. Plus qu’une simple adaptation, la SODECAO devrait se positionner en acteur proactif face aux défis du RDUE. Fort de ses acquis et résolument engagée dans la migration de la production du cacao vers un système durable, la SODECAO entend saisir cette opportunité pour consolider le leadership du Cameroun dans le secteur du cacao de qualité, respectueux de l’environnement et des communautés. L’avenir du cacao camerounais s’écrit désormais sous le signe d’une ambition renouvelée. Un objectif que le Directeur Général de la SODECAO, connu pour son intransigeance en matière de respect des normes, entend bien atteindre, garantissant ainsi une application rigoureuse de la RDUE au sein de l’entreprise.

PAR NKJ / M. MABOU

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

fr_FRFrançais